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Méta
JE VOUS DONNE POUR COMMENCER VOS TRAVAUX APOSTOLIQUES MISSION POUR L’ALGÉRIE OÙ UN BIEN IMMENSE VOUS ATTEND
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LE SUBLIME SACERDOCE TOUS LES DONS DE DIEU QUI DOIVENT FÉCONDER VOTRE MINISTÈRE
La visite d’Eugène dans la région de Nancy devait inclure l’ordination sacerdotale de Ferdinand Grenier, mais Eugène a dû écourter sa visite pour rentrer précipitamment à Marseille en raison de l’épidémie de choléra
Vous auriez compris que mon désir était toujours de vous imposer moi-même les mains… Le bon Dieu m’a privé de cette consolation, je lui en offre le sacrifice…
Laissez peser sur mon cœur tout le chagrin d’avoir fait plus de 200 lieues pour avoir la consolation de vous imposer les mains et de m’en retourner sans avoir pu vous communiquer avec le sublime sacerdoce tous les dons de Dieu qui doivent féconder votre ministère. Ce sont ces choses pénibles qui arrivent dans la vie. Je m’unis du moins par mes vœux à tout ce qui pourra attirer sur vous les plus abondantes bénédictions du Seigneur. Recevez-en les premières gages par celle que je vous donne en vous embrassant de tout mon cœur.
Lettre au Père Ferdinand Grenier, à Nancy, 13 septembre 1849, EO X n 1019
RÉFLEXION
Eugène, qui s’est toujours considéré comme le père spirituel de chaque Oblat, voyait cette paternité doublée chez l’Oblat s’il pouvait lui conférer le sacrement de l’ordination sacerdotale.
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L’OFFRE QUE J’AVAIS FAITE DE MA VIE AU SEIGNEUR POUR LE RACHAT DE LA MALADIE QUI DÉCIMAIT MON PEUPLE
Le sanctuaire de Notre Dame de la Garde se trouve sur une colline dominant la ville de Marseille où la « Bonne Mère » (c’est ainsi que les habitants de la ville appellent Marie) veille sur tout le monde. Dès qu’Eugène est rentré dans la ville, il est allé prier en remerciement pour un voyage sûr, puis pour ratifier son auto-offrande afin de mettre fin à l’épidémie de choléra.
Ma première pensée fut d’aller rendre mes devoirs à notre Bonne Mère dans son sanctuaire de la Garde. J’y suis monté aujourd’hui dimanche pour y célébrer les saints mystères et ratifier aux pieds de Marie l’offre que j’avais faite de ma vie au Seigneur pour le rachat de la maladie qui décimait mon peuple, dès que j’eus appris que le choléra sévissait mortellement à Marseille. La sainte montagne était couverte de bons fidèles qui se rendaient au sanctuaire en même temps que moi. La chapelle se trouva pleine lorsque j’y arrivai. Avant de commencer la messe je crus devoir adresser quelques paroles d’édification à l’assemblée qui, si j’en juge par les larmes que je vis répandre, entra parfaitement dans les sentiments que j’exprimais de l’abondance de mon coeur..
Journal, 23 septembre 1849, EO XXII
RÉFLEXION
» Un martyr est un individu qui se soucie tellement de quelque chose en dehors de lui qu’il en oublie sa vie personnelle » (G.K. Chesterton).
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LE SACRIFICE DE MA VIE
Maintenant que cette œuvre à laquelle Dieu m’avait appelé est faite, que pourrait-il m’arriver de plus heureux que de mourir, surtout si le sacrifice de ma vie pouvait être accepté non seulement pour l’expiation de mes péchés, mais comme un holocauste au Seigneur, pour apaiser la colère de Dieu et détourner le fléau de mon peuple et surtout de nos prêtres dont la vie est si précieuse. Jusqu’à présent un seul d’entre eux a péri, le pauvre abbé Martin, mais vous êtes tous menacés, et moi je suis à deux cent lieues de vous.
Lettre au Père Henri Tempier, 12 septembre 1849, EO X n 1018
RÉFLEXION
Ne nous laissons pas distraire par le langage théologique d’il y a deux siècles : aujourd’hui, nous avons une compréhension différente des catastrophes naturelles et des épidémies. Ce qui est important dans cet extrait, c’est qu’Eugène a offert sa vie pour le salut de son peuple à Marseille.
Depuis son parcours de conversion, Eugène voulait que chaque aspect de sa vie soit une oblation, « tout pour Dieu. » C’était dans l’esprit des premiers siècles de l’Église où la plus haute expression de l’oblation était le martyre, le don total de soi à Dieu. Ce qui est intéressant chez Eugène, c’est que ce martyre devait être atteint à la suite d’un don de soi à Dieu en servant les autres. C’est pourquoi nous parlons du martyre de la charité, par opposition au martyre du sang.
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L’OBLATION : LA VOLONTÉ D’ÊTRE UN MARTYR DE LA CHARITÉ.
J’ai toute ma vie désiré mourir victime de la charité. Vous savez que cette couronne me fût enlevée des les premières années de mon ministère. Dieu avait ses desseins puisqu’il voulait me charger de donner une nouvelle famille à son Église, mais pour moi il eut mieux valu qu’on me laissa mourir de ce bienheureux typhus que j’avais pris au service des prisonniers.
Lettre au Père Henri Tempier, 12 septembre 1849, EO X n 1018
RÉFLEXION
Dès son ordination sacerdotale, Eugène avait souhaité donner sa vie totalement dans le martyre au service des autres. Cela a failli se produire en 1814, lorsqu’il a failli mourir du typhus alors qu’il s’occupait de prisonniers de guerre autrichiens. Mais Dieu avait d’autres plans : il devait être l’instrument de Dieu pour fonder les Missionnaires Oblats.
Combien de martyrs de la charité avons-nous connus dans notre vie ? Non pas des personnes qui versent leur sang dans le martyre, mais plutôt qui se sacrifient pour le bien des autres dans leur vie quotidienne. Ma vie est inspirée et enrichie par ma rencontre avec beaucoup d’entre eux chaque jour.
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JE SUIS ALLÉ CONFIRMER SUR LEUR LIT DE MORT PLUSIEURS DE CES PAUVRES VICTIMES
Nous sommes ici sous la fatale influence du choléra qui nous enlève tous les jours tantôt 40 tantôt 30 tantôt 20 ou 25 personnes. Ceux qui rentrent sont en danger. Hier une famille composée de cinq personnes a péri tout entière en rentrant dans la ville après en être sortie au commencement de l’épidémie. Vous sentez que je n’ai pas dû calculer ce danger quand mon devoir m’a rappelé au milieu de mes ouailles, mais je n’ai jusqu’à présent ressenti aucune atteinte du mal. Aucun des nôtres n’en a été non plus atteint.
Lettre au père Ferdinand Grenier, à Nancy, 30 septembre 1849, EO X, n 1023
Mgr Eugène et le clergé diocésain et oblat ont courageusement exercé leur ministère auprès des personnes affligées par l’épidémie de choléra.
Le choléra persiste dans son même degré d’intensité; les cas foudroyants sont rares pourtant. Depuis que je suis de retour, je suis allé confirmer sur leur lit de mort plusieurs de ces pauvres victimes, et je n’en ai ressenti d’autre mal que ce déchirement de cœur dont il m’est impossible de me défendre à la vue de tels désastres.
Lettre au Père Ambroise Vincens à N. D. de L’Osier, 12 octobre 1849, EO X n 1024
RÉFLEXION
« La fin de la vie mérite autant de beauté, de soin et de respect que le début ». (Auteur inconnu)
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J’AI TOUTE MA VIE DÉSIRÉ MOURIR VICTIME DE LA CHARITÉ
Eugène avait visité les communautés oblates du centre de la France et en avait profité pour baptiser l’enfant de sa nièce, qui était sur le point d’accoucher. Il apprend qu’une épidémie de choléra s’est répandue à Marseille.
Mon inquiétude est si grande que je crains d’en tomber malade. La pensée de ce qui se passe à Marseille remplit mon âme d’amertume, je n’éprouve aucune jouissance de me trouver au sein de ma famille, mon devoir m’appelle ailleurs.
Eugène rappelle à Tempier que son absence n’est pas due à la peur, ce dont il n’a jamais fait preuve.
Vous me connaissez assez pour être persuadé que la moindre pensée de crainte ne s’est seulement pas présentée à mon esprit. J’ai toute ma vie désiré mourir victime de la charité.
Lettre au Père Henri Tempier, 12 septembre 1849, EO X n 1018
RÉFLEXION
L’amour d’Eugène pour Dieu était si grand qu’il voulait que toute sa vie soit une oblation à Dieu. Ceci non pas en théorie, mais dans un service aimant et auto-sacrificiel.« Vraiment, je vous l’assure : chaque fois que vous avez fait cela à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi-même que vous l’avez fait. » Matthieu 25: 40
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CETTE MESSE EST DE FONDATION À PAREIL JOUR
Deux août, anniversaire de mon baptême. Messe aux Capucines. Cette messe est de fondation à pareil jour. Je ne saurais réclamer un plus puissant secours que les prières de ces saintes filles pour remercier Dieu d’un bienfait comme celui de ma régénération
Journal d’Eugène de Mazenod, 1er août 1849, EO XXII
RÉFLEXION
Pour Eugène, l’anniversaire de son baptême était plus important que son anniversaire de naissance. C’était l’anniversaire de sa naissance à la vie de Jésus-Christ.
« L’Église de Dieu t’accueille avec une grande joie. En son nom, je te marque de la croix qui est le signe du Christ, notre Sauveur. » (Rituel de baptême)
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POINT D’INFIRMITÉ ET DE SE PORTER COMME SI L’ON N’AVAIT QUE TRENTE ANS
Fin de ma 67e année. Entrée dans ma 68e. Anniversaire de ma naissance. C’est ainsi que les années s’accumulent sans qu’on s’en aperçoive. On avance vers le tombeau un an après l’autre. On peut pourtant mesurer la distance le jour où l’attention est fixée par la célébration de l’anniversaire de son entrée dans le monde. Qu’importe de n’avoir point d’infirmité et de se porter comme si l’on n’avait que trente ans. On est forcé de compter le jour qui rappelle celui de la naissance.
Journal d’Eugène de Mazenod, 1er août 1849, EO XXII
RÉFLEXION
Eugène avait eu de graves complications de santé plus tôt dans sa vie, ce qui avait nécessité de longues périodes de récupération. Une fois devenu évêque de Marseille, en plus d’être Supérieur général des Oblats, il a eu un calendrier chargé d’engagements qui semblent l’avoir rajeuni – lui donnant l’impression d’avoir encore 30 ans !
Nous appelons cela la « grâce d’état » où Dieu nous donne les grâces et la force nécessaires pour accomplir son œuvre. Saint Paul y fait référence lorsqu’il s’exclame :
Le Seigneur m’a répondu : « Ma grâce te suffit, c’est dans la faiblesse que ma puissance se manifeste pleinement. » C’est pourquoi je me vanterai plutôt de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. ( 2 Corinthiens 12:9)
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LA MORT DE CE BON SUJET EST UNE GRANDE PERTE POUR LA CONGRÉGATION
Aujourd’hui, anniversaire de la mort de notre bon père Mie, j’apprends celle du p. Frédéric Michel; c’était un de nos meilleurs sujets, plein de vertus, mais de vertus peu communes, rempli de talents et d’instruction, c’était un sujet tout formé. Il partit du séminaire de Grenoble pour le noviciat le jour même de son ordination pour le sacerdoce, sans vouloir seulement passer chez ses parents. Il était le 200me de nos Oblats; il n’avait fait sa profession que depuis quelques mois; c’est une grande perte.
Lettre au P. Telmon, 10 mars 1849, EO I n 113
Le P. Frédéric Michel est mort subitement juste après avoir prêché sa première mission paroissiale, comme Eugène l’a noté dans son journal :
Désolante nouvelle de la mort du p. Michel . Il venait de terminer la mission de Saint-Bonnet où il avait donné des preuves d’un grand zèle et d’une grande générosité. Le p. Lavigne qui avait fait cette mission avec lui, m’écrivait qu’il s’était conduit en saint. Je crains bien que le p. Lavigne n’ait pas su modérer ce zèle ni exiger assez qu’il prît plus de soin de sa personne. Je crains fort que ce que le p. Lavigne appelle une coqueluche ne fut une toux d’irritation et peut-être un commencement de fluxion de poitrine que le pauvre défunt n’a pas voulu ménager. Dieu l’aura récompensé, mais la mort de ce bon sujet est une grande perte pour la congrégation.
Journal d’Eugène, 10 mars 1849, EO XXII
RÉFLEXION
« En mourant jeune, un homme reste jeune pour toujours dans la mémoire des gens. S’il brûle avant de mourir, sa lumière brille pour toujours ». (Alexandre Soljenitsyne)
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