C’EST EN TENDANT LES BRAS VERS EUX QUE LES MINISTRES DE JÉSUS-CHRIST LES PRESSENT CONTRE LEURS CŒURS

Eugène développe son image du pécheur qui est comme une charrette embourbée : il a d’abord besoin d’une grande force pour le faire sortir de la boue, et puis de douceur dans le confessionnal, pour commencer le processus de guérison de la conversion.

De même le prédicateur de l’Evangile, voyant avec douleur les pécheurs enfoncés dans l’affreux bourbier de leurs crimes, s’y démener sans vouloir en sortir,
après avoir inutilement essayé de tout ce que leur tendre charité leur inspirait pour les faire rentrer dans la voie,
enfin voyant leur obstination à vouloir se perdre, ils font retentir à leur oreilles les plus terribles vérités;
ils s’arment du fléau de la sainte Parole, ils redoublent leurs coups jusqu’à ce qu’enfin ces pécheurs par un généreux effort sortent du bourbier et se dégagent, etc.
C’est alors que tendant les bras vers eux, les ministres de Jésus-Christ, les pressant contre leurs cœurs, se plaisent à répandre le baume sur toutes leurs plaies pour les adoucir.

Instruction familière sur la confession, prêchée en pro­vençal, le quatrième dimanche de carême, [28 mars] de l’année 1813 E.O. XV n. 115

Note: Dans son enthousiasme, Eugène s’est laissé emporter dans son écrit et les deux premiers paragraphes ci-dessus ne forment qu’une seule phrase ininterrompue ! Par souci de clarté, je l’ai divisé en quatre phrases. L’utilisation de « etc. » dans le texte montre qu’il s’agit d’un point qu’il devait développer librement à l’oral.

Ce contenu a été publié dans SERMONS, avec comme mot(s)-clé(s) , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

1 réponse à C’EST EN TENDANT LES BRAS VERS EUX QUE LES MINISTRES DE JÉSUS-CHRIST LES PRESSENT CONTRE LEURS CŒURS

  1. Mostert Denyse dit :

    Cette approche d’Eugène de Mazenod me fait penser à un de ces gros orages qui nous tombent dessus par temps chaud.

    Tout d’abord, la chaleur ambiante nous invite à une détente dans laquelle nous nous laissons couler avec délices. Rien n’a alors d’importance si ce n’est une langueur de toute notre personne. Même l’apparition de nuages menaçants ne parvient à éveiller notre attention. Le souvenir me revient aussi d’un sentiment d’anxiété un peu triste quand mes enfants tardaient à répondre à l’appel pressant qui les invitait à venir se mettre à l’abri.

    Cela ne pourrait-il se comparer, toutes proportions gardées, à la « douleur » d’Eugène de voir tous ces « pécheurs enfoncés dans l’affreux bourbier de leurs crimes… sans vouloir en sortir » ?

    Il constate en effet que, ni « la tendre charité » dont il les entoure d’abord, ni la révélation des« plus terribles vérités » n’arrivent à toucher ces âmes endurcies. Il parle du « fléau de la Parole » dont il va administrer aux récalcitrants des coups redoublés « jusqu’à ce qu’enfin ces pécheurs par un généreux effort sortent du bourbier… » ? De tels propos ne manqueraient pas de blesser, voire d’indigner nos oreilles contemporaines.

    D’autre part, en dépit du style toujours le même, la suite de sa réflexion vient révéler une tendresse toute évangélique : « C’est alors que tendant les bras vers eux, les ministres de Jésus-Christ, les pressant contre leurs cœurs, se plaisent à répandre le baume sur toutes leurs plaies pour les adoucir. » On ne peut s’empêcher d’y voir le père de la parabole serrant dans ses bras le fils prodigue enfin revenu.

    Oui, le message évangélique s’adresse à toutes les époques. Il est également vrai que nous avons besoin de nous sentir rejoints par lui dans toutes nos dimensions humaines et spirituelles d’enfants de Dieu dont la vie se déroule ici et maintenant.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *