L’année 1819 vit la poursuite des activités normales pour Eugène : la direction du ministère des Missionnaires, la prédication des missions de paroisse, l’accompagnement de la Congrégation de la Jeunesse et les activités de la maison et de l’église d’Aix. Ajoutons à cela la nouvelle aventure de la deuxième communauté du Laus, sous la direction de Henri Tempier, à qui il écrit:
Je dis au bon Dieu pendant le Saint Sacrifice et à l’adoration des quarante-heures que si cet enfant ne devait pas persévérer dans la grâce, que je ne demandais pas pour lui la guérison, mais que le Seigneur est assez puissant pour accorder les deux choses: la guérison et la persévérance.
Vous voyez que je ne me gêne pas avec le bon Dieu; c’est au moment de la communion que je me permets ces indiscrétions..…
Il réfère ici à son inquiétude au sujet de l’un des membres de la Congrégation de la Jeunesse qui était sérieusement malade et près de la mort. La relation affectueuse et intime d’Eugène avec Dieu émerge alors : « Comme vous voyez, je ne suis pas timide avec le bon Dieu; c’est au moment de la communion que je me permets de telles indiscrétions. » Dans la prière, Eugène pouvait être totalement lui-même avec Dieu et il pouvait laisser aller tout ce qu’il avait dans son cœur. C’est d’une telle intimité que coulait son zèle missionnaire.
“Dieu parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami.” Exode 33:11
“Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande.” Jean 15:14
« La prière mentale, à mon avis, n’est rien d’autre qu’un partage intime entre amis; elle signifie prendre souvent du temps pour être avec Lui dont nous savons qu’Il nous aime. De façon à ce que l’amour soit vrai et que l’amitié dure, la volonté des amis doit être en accord. » Ste Thérèse de Jésus.
‘’L’année 1819 vit la poursuite des activités normales pour Eugène.’’ Voici un commentaire en dit long sur le travail du Fondateur !
Il va sans dire que mener de front ‘’la direction du ministère des Missionnaires, la prédication des missions de paroisse, l’accompagnement de la Congrégation de la Jeunesse et les activités de la maison et de l’église d’Aix’’ constitue déjà une tâche très lourde. Et il y a maintenant la seconde communauté du Laus ! Bien sûr Henri Tempier en est le directeur… mais peut-on imaginer un Eugène de Mazenod qui ne réagit pas devant les nouvelles du cet établissement tout récent ?
Il est évident que confidences et conseils échangés vont renforcer une amitié si solidement ancrée entre les deux hommes. Pas question de paroles ampoulées chez le Fondateur mais l’expression d’une foi éclairée qui sait aller bien au-delà de ce qu’il pourrait être séant de formuler.
Un postulant du Laus cause-t-il quelque souci au Père Tempier ? Eugène va faire part à ce dernier de la teneur de sa prière : « Je dis au bon Dieu pendant le Saint Sacrifice et à l’adoration des quarante-heures que si cet enfant ne devait pas persévérer dans la grâce, que je ne demandais pas pour lui la guérison, mais que le Seigneur est assez puissant pour accorder les deux choses: la guérison et la persévérance. »
Il est certain qu’Henri abonde dans le même sens. Et qu’il ressent une émotion certaine devant la confidence toute spontanée qui suit : « Vous voyez que je ne me gêne pas avec le bon Dieu; c’est au moment de la communion que je me permets ces indiscrétions… »
Chez Eugène, un seul critère, l’authenticité. Il demeure pareil à lui-même tant dans sa relation à Dieu que dans ses rapports à son ami fidèle. Chez le P. Tempier, une connaissance éclairée, un attachement sans bornes à ce Fondateur parfois imprévisible… Et chez les deux la foi garante de leur zèle missionnaire.
Ce sont là conditions gagnantes, parfois difficiles mais non impossibles. Elles exigent que l’on rende à l’amitié sa véritable signification de confiance, de bonheur et de peines partagés, de respect mutuel et de renoncements toujours possibles.
Mais quelle richesse de pouvoir partager avec l’autre tant de ces choses qui nous font vivre !