L’une des raisons du succès du ministère des Missionnaires était leur qualité d’être près des gens. Ils étaient missionnaires parce qu’ils se souciaient du bien-être des autres. Leur principal souci allait au salut des plus abandonnés, mais cela ne se limitait pas seulement au plan du « spirituel ». Le village de Saint-Étienne, non loin du Laus, fut détruit par le feu. Les Missionnaires y répondirent immédiatement, comme le montre la lettre d’Eugène:
Que n’étais-je avec vous le jour de votre belle action à Saint-Étienne ! Je vous vois d’ici au milieu des flammes portant partout et avec intelligence des secours qui ont dû sauver un grand nombre de personnes. Je ne m’étonne pas que l’on ne se lasse pas de parler de ce beau dévouement. Quatre missionnaires dans cet exercice de charité prêchent encore mieux que dans la chaire, du moins ils sont mieux compris.
Lettre à Henri Tempier, 29 June 1819, EO VI n. 45
« De quoi l’amour a-t-il l’air? Il a les mains pour aider les autres. Il a les pieds pour se hâter au-devant des pauvres et des nécessiteux. Il a les yeux pour voir la misère et le besoin. Il a les oreilles pour entendre les soupirs et les chagrins des gens. Voilà ce dont a l’air l’amour. » Saint Augustin
Ils sont tous d’accord.
Jésus proclame : Il ne suffit pas de dire Seigneur, Seigneur… mais de faire la volonté du Père… (Matthieu (7: 22) Pour Jacques, « La foi sans les œuvres est une foi morte » ( Jacques 2 :14-26) Et par après, Augustin va faire la synthèse des moyens à notre portée pour que la foi s’accompagne toujours du geste de compassion. Tout nous est donné en effet, écrit-il « les mains… les pieds… les yeux et les oreilles » pour entendre et adoucir la misère de ceux qui souffrent.
Ainsi, lors de l’incendie de Saint-Étienne les missionnaires de Laus accourent immédiatement prêter main forte. Eugène de Mazenod écrira au P. Tempier « Je vous vois d’ici au milieu des flammes, portant partout et avec intelligence des secours qui ont dû sauver un grand nombre de personnes. » Pour conclure avec sa vision toujours réaliste que « quatre missionnaires dans cet exercice de charité prêchent encore mieux que dans la chaire, du moins ils sont mieux compris. »
De nos jours également, la solidarité n’est pas lettre morte. Témoins ces grands désastres pour lesquels une partie de la planète s’unit pour porter secours; de même, on reste rarement indifférent devant des personnes malades et qui sont trop pauvres pour s’offrir les soins adéquats… Les situations se multiplient à l’infini de tant de misères qui retiennent l’attention.
Pourquoi le geste de compassion devient-il parfois moins spontané lorsqu’il s’impose dans notre entourage ? Serait-ce la crainte d’un engagement personnel qui pourrait par là même devenir trop engageant ? Ou encore l’a priori qui minimiserait la situation ?
C’est à ce moment que foi et amour se confondent. Que les mots le cèdent à l’action concrète. Que les craintes diffuses deviennent joie de marcher sur les traces de Jésus « qui passait en faisant le bien ». (Actes 10 :38)