« La croix de Jésus est au coeur de notre mission. Comme l’Apôtre Paul, nous prêchons «Jésus Christ et Jésus Christ crucifié» (1 Co 2, 2). Si nous portons «en notre corps les souffrances de mort de Jésus» , c’est dans l’espérance «que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre corps» (CC&RR, Constitution 4)
La définition caractéristique de notre famille mazenodienne était la définition caractéristique de la vision d’Eugène, comme le montre la lettre suivante :
Je me réjouis avec toi, mon bien cher ami, de ce que tu as été jugé digne d’être méprisé pour l’amour de Dieu et en haine de tout le bien que toi et les tiens faites dans l’Église de Dieu…
ne perdons jamais de vue qu’en voulant devenir les vrais disciples de Jésus-Christ, nous avons embrassé la croix pour la porter chaque jour, et que nous avons dû renoncer à l’estime et à l’amour des hommes. Si hominibus placerem, servus Dei non essem ,[ed. Gal 1,10] ; que nous étant consacrés à la vie de notre divin Maître pour lui plaire, dans l’exercice de la piété chrétienne, il faut que nous soyons persécutés: Qui pie volunt vivere in Christo Jesu persecutionem patientur [ed. 2 Tim. 3, 12]; enfin, que nous ne devons pas être traités autrement que notre chef et notre modèle; Si me persecuti sunt et vos persequentur [ed. Jean 15, 20: S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ], et que nous devons attendre les persécutions au nombre des récompenses que le Seigneur a promises aux siens ici-bas: cum persecutionibus et vitam aeternam [ed. Mark 10, 30: … aux siens ici-bas : avec des persécutions et la vie éternelle, dans l’âge à venir]..
Je ne puis t’en dire davantage, ce sera assez pour te consoler, si tant est que tu sois affecté des mauvais traitements que tu as reçus si injustement.
Lettre à Hippolyte Courtès, 22 mai,1824, EO VI n. 137
« La croix du Christ, embrassée avec amour, n’apporte jamais de tristesse avec elle, mais de la joie, la joie d’être sauvé et de faire un peu de ce qu’il a fait le jour de sa mort. » Pape François
Eugène de Mazenod ne glorifie aucunement la souffrance pour elle-même. Au contraire. En même temps qu’il écrit à Hippolyte Courtès « Je me réjouis avec toi…de ce que tu as été jugé digne d’être méprisé pour l’amour de Dieu », il l’incite à veiller sur sa santé. Bel équilibre chez cet homme au caractère exubérant que l’on pourrait croire porté aux exagérations !
Raison n’exclut pas foi. Eugène continue : « En voulant devenir les vrais disciples de Jésus-Christ, nous avons embrassé la croix pour la porter chaque jour ».
Porter sa croix avec le Christ, c’est «renoncer à l’estime et à l’amour des hommes » en rejetant tout ce qui s’éloigne de l’Évangile. Mais n’est-ce pas aussi trouver le souffle intérieur qui sait si bien ouvrir le cœur à toute détresse ?
« Votre peine se changera en joie » disait Jésus. (Mtt 16,20-23) Une promesse pour traverser sereinement et fermement les moments difficiles !