Le temps du noviciat était un temps privilégié de formation pour les futurs Oblats, et par suite, Eugène voulait que ce temps fût réservé pour achever ce à quoi il était destiné. Pour ceux d’entre nous qui ne sont pas des novices oblats, le sens de l’invitation d’Eugène était peut-être de réfléchir sur ce que nous sommes en train de faire, au meilleur de notre capacité, à savoir si c’est cela que nous devrions faire en ce moment de notre existence. Est-ce que nous vivons la grâce du moment présent ?
Il faudrait que les novices fussent véritablement des novices, qu’on les tînt continuellement en haleine soit dans l’intérieur du noviciat par l’étude qui est permise dans nos Règles, par les instructions, par les pratiques de la plus excellente piété, c’est-à-dire le renoncement à soi-même, l’humilité, la pauvreté, l’obéissance, soit dehors par quelques œuvres de zèle: tels que les catéchismes aux pauvres, aux infirmes et aux prisonniers, la visite des hôpitaux, etc. Si nous ne prenons pas ce parti, nous ne ferons rien qui vaille. Réfléchissez mûrement à tout ce que je viens de vous dire.
Lettre à Henri Tempier, 26 novembre 1825, EO VI n.208
Notre Règle de Vie tient compte de ce principe aujourd’hui :
« Guidés par l’Esprit qui vit en eux, les novices grandissent en amitié avec le Christ et entrent graduellement, par la prière et la liturgie, dans le mystère du Salut. Ils prennent l’habitude d’écouter le Seigneur dans l’Écriture, de le rencontrer dans l’Eucharistie, de le reconnaître dans les hommes et les événements. Ils en viennent à contempler l’action de Dieu dans la vie et la mission du Fondateur, dans l’histoire et les traditions de la Congrégation. Des occasions de travail apostolique en milieu oblat leur permettent de mieux saisir les exigences de la vocation missionnaire et l’unité de la vie religieuse apostolique. » CC&RR, Constitution 56
«Par-dessus tout, vivez dans le moment présent et Dieu vous accordera toute grâce dont vous avez besoin.» François Fénelon
1825.
Le principe même d’une bonne formation, c’est de permettre de s’engager en connaissance de cause. C’est de prendre sa décision au-delà d’émotions ou d’illusions qui pourraient un jour ou l’autre la rendre fragile. C’est le moment de vivre à fond le « connais-toi toi-même » de Socrate.
« Il faudrait… » écrit à ce sujet Eugène de Mazenod au P. Henri Tempier… Et ce qui suit donne une idée des failles à combler dans la formation en vigueur chez les Missionnaires de Provence : « Que les novices fussent véritablement des novices … toujours tenus en haleine « avec tout ce que cela comporte d’études, « de catéchismes et de visites aux pauvres » de toutes sortes.
Mais, et ceci est la priorité pour les jeunes gens du noviciat, il leur faut d’abord et avant tout, par « le renoncement à soi-même, l’humilité, la pauvreté, l’obéissance », préparer leur cœur à l’oblation à laquelle ils aspirent.
Est-il bien nécessaire d’ajouter qu’une réflexion similaire est également précieuse pour tout qui veut vivre au mieux ses engagements chrétiens ?