Qu’est-ce qui donnait à Eugène la force intérieure pour aller son chemin face aux difficultés auxquelles il faisait face ? En réfléchissant sur le cours des événements qui l’avaient mené là où il était, il était conscient, de façon évidente, de l’aide constante de Dieu – et par là même, de sa propre obligation de vivre en état de réceptivité vis-à-vis de la grâce de Dieu.
Je dois ajouter que depuis que je suis parti de France, mais surtout depuis que je suis à Rome, le bon Dieu m’assiste en toute chose d’une manière si sensible, qu’il me semble qu’il ne me serait pas possible de ne pas conserver dans mon âme un sentiment habituel de reconnaissance qui me porte à louer, à bénir, à remercier Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ, et dans les proportions convenables la sainte Vierge, les saints Anges et les saints auxquels je me crois redevable de la protection et des consolations que j’éprouve. Cela n’empêche pas que je ne me confesse deux fois par semaine, et que je ne trouve toujours plus ou moins sujet de m’humilier devant Dieu…
Lettre à Henri Tempier, 10 janvier 1826, EO VII n 217
« Jetez vos soucis en Dieu; l’ancre va tenir. » Frank Moore Colby
Rome, 10 janvier 1826 – lettre à Henri Tempier
Eugène de Mazenod a pleinement conscience de l’importance de sa mission à Rome et des conséquences désastreuses de « la moindre infidélité volontaire » de sa part. Et pourtant il écrit à Henri Tempier : « Depuis que je suis parti de France, mais surtout depuis que je suis à Rome, le bon Dieu m’assiste en toute chose d’une manière si sensible qu ’il me semble qu’il ne me serait pas possible de ne pas conserver dans mon âme un sentiment habituel de reconnaissance. »
Est-ce à dire qu’il nage à tout moment dans une paix irréelle ? Est-il possible de l’imaginer n’esquissant aucun mouvement d’humeur devant les irritants qui ne cessent de s’ajouter les uns aux autres ? Ou bien le voir présenter un visage fermé aux réceptions mondaines incontournables ? Ou encore demeurer aveugle aux munificences de la Ville Sainte ?
Rien de tout cela à mon avis. Dieu ne lui demande pas de faire de ses occupations une pénitence perpétuelle. Eugène l’a compris qui sait imposer silence à ses lassitudes pour toujours aller de l’avant, laisse la Ville Sainte le toucher profondément et retrouve avec aisance l’ambiance des réceptions chez cardinaux et notables. Le Fondateur ne fait rien à moitié. Il se donne complètement à l’instant où lui est signifiée la volonté divine.
Une mémoire fidèle le soutient. « Depuis que je suis à Rome, écrit-il au P. Tempier, le bon Dieu m’assiste en toute chose d’une manière si sensible, qu’il me semble qu’il ne me serait pas possible de ne pas conserver dans mon âme un sentiment habituel de reconnaissance… »
Voilà le secret d’Eugène. Ce qu’il découvre jour après jour, c’est la constante « assistance divine », lors qu’il répond de son mieux à ce qui lui est demandé. Non pas de l’euphorie mais une paisible reconnaissance qui donne toutes les raisons d’aller de l’avant. Une paix intérieure également offerte à chacun de nous.