À partir du moment où les Oblats devinrent une congrégation religieuse en 1818, elle fut ouverte aux hommes qui désiraient devenir missionnaires soit comme prêtres ou comme frères. Au début, très peu entrèrent pour devenir Frères et mettre leurs talents particuliers au service de la mission. À Rome, Eugène croisa plusieurs Frères de d’autres congrégations qui l’impressionnèrent.
Le Frère qui me sert voudrait à toute force me suivre: il n’est encore que novice, il a vingt ans, est cordonnier de son métier. C’est un charmant garçon qui s’entend un peu à coudre et qui sait faire une omelette; ma délicatesse répugne à consentir à ses désirs; mais il est dur de n’avoir pas de Frère, tandis qu’ici ils en regorgent; ils ont entre autres trois Allemands qui valent un Pérou. L’un est menuisier, l’autre cuisinier, le troisième tailleur.
Lettre à Henri Tempier, le 28 janvier 1826, EO VI n. 221
Aujourd’hui: “ Partout les Frères participent à l’œuvre missionnaire de la construction de l’Église, spécialement dans les territoires où la Parole est proclamée pour la première fois. Étant envoyés par l’Église, leur service technique, professionnel et pastoral, tout comme le témoignage de leur vie constituent leur ministère d’évangélisation.” CC&RR, Règle 7 c
“L’unité est une force… quand il y a travail d’équipe et collaboration, on peut accomplir des choses magnifiques.” Mattie Stepanek
Rome, 28 janvier 1826 – Lettre à Henri Tempier
Voici un épisode qui n’est pas sans rappeler le clivage entre « Marthe et Marie » qui a longtemps sévi dans les mentalités religieuses. Communautés contemplatives, communautés actives, le tout était soigneusement répertorié comme si l’un de ces états empêchait l’autre. La Congrégation des Oblats n’échappait certainement pas à la mentalité du temps. Disons, pour remettre les choses en place, que c’est au départ à des prêtres missionnaires qu’elle était destinée.
Les communautés romaines avec leurs nombreux frères vont donner à Eugène de Mazenod l’occasion de réfléchir à ce sujet. On lui a délégué un novice, « cordonnier de son métier… qui s’entend un peu à coudre et qui sait faire une omelette » et qui le suit partout pour prévenir ses besoins. Que la délicatesse d’Eugène soit mise à mal, cela se comprend. Avoir des serviteurs, il a connu cela dans ses jeunes années à Aix, puis il a appris à s’en passer durant son long exil. « Mais il est dur, conclut-il de n’avoir pas de frère, tandis qu’ici ils en regorgent. » Ceci pour un présent qui va certainement avoir une influence sur l’importance des frères chez les Missionnaires Oblats à qui il est tant demandé pour répondre aux besoins de leur ministère.
Aujourd’hui “ les Frères participent à l’œuvre missionnaire de la construction de l’Église…. leur service technique, professionnel et pastoral, tout comme le témoignage de leur vie constituent leur ministère d’évangélisation.”(CC&RR, Rule 7 c)