Eugène décrit l’histoire bien connue des événements qui marquèrent le jour de la réunion décisive des Cardinaux:
Hier, je ne perdis pas de temps. Après avoir dit la sainte messe de bonne heure, je passai chez le cardinal Pedicini, pour lui faire connaître les remarques du cardinal Pallotta et mes réponses; de là, je frappai à la porte de Mgr l’Archevêque d’Ancyre, et j’allai sans débrider chez le cardinal Pacca, pour l’avertir que je me tiendrais dans l’église de Sainte-Marie in Campitelli, qui est en face de son palais, dans le temps que se tiendrait la Congrégation; je prévins en sortant que l’on me fit savoir quand elle serait finie, ce que l’on oublia, de sorte que j’eus le loisir d’entendre neuf messes; mais je vous assure qu’étant entré avec la volonté d’attendre, je ne languis pas du tout, et qu’au contraire je me trouvais fort bien dans ce beau temple, occupé comme il faudrait pouvoir l’être toujours.
Cependant, quand je compris qu’il n’était pas possible que les Cardinaux eussent prolongé si avant leur séance, je sortis; il était une heure. Il y en avait plus d’une, en effet, qu’ils s’étaient retirés. J’attendis le soir pour apprendre quelque nouvelle du résultat de Mgr le Secrétaire. Ne l’ayant pas trouvé une première fois, j’y retournai et, avec sa bonté accoutumée pour moi, il me dit que tout avait été à merveille, que la congrégation avait approuvé, sauf les modifications qu’il allait me soumettre. Nous nous mîmes sur-le-champ au travail qui dura plus de deux heures. Il tenait la plume et écrivait de sa propre main ce que nous convenions d’écrire… J’irai ce soir terminer le travail avec Mgr le Secrétaire, et vraisemblablement la résolution de la congrégation sera présentée au Saint-Père à l’audience de demain au soir
Lettre à Henri Tempier, le 16 février 1826, EO VII n 224
“La leçon la plus importante que j’ai apprise est de faire confiance à Dieu en toute circonstance. Souvent, nous sommes confrontés à différentes épreuves et suivre le plan de Dieu semble n’avoir aucun sens. Dieu est toujours aux commandes et Il ne nous abandonnera jamais.” Allyson Felix (Médailler olympique)
Rome 16 février 1826 – Lettre à Henri Tempier
Tout finit par arriver. Le 17 février, les Constitutions des Missionnaires Oblats seront soumises au Pape Léon XII. On comprend la fébrilité d’Eugène de Mazenod et qu’il ne va pas passer la dernière journée à se morfondre dans sa chambre.
Que faire sinon rencontrer encore et encore ceux dont l’opinion est si importante ? Le cardinal Pedicini, l’Archevêque d’Ancyre reçoivent sa visite. « Je prévins en sortant que l’on me fit savoir quand elle serait finie, ce que l’on oublia, de sorte que j’eus le loisir d’entendre neuf messes… », raconte Eugène. Neuf messes ! D’emblée on peut penser que c’est un peu long même pour un futur saint ! Pourtant, notre Fondateur au caractère si vif ne semble pas en avoir souffert, « occupé dans ce temple comme il faudrait pouvoir l’être toujours ».
Fort à parier que toute l’histoire de sa vie, de sa vocation et des Missionnaires de Provence ont occupé son esprit. Qu’il s’est souvenu des moments difficiles mais aussi de cette insondable voie divine qui l’a conduit ce matin à attendre dans cette église romaine l’approbation papale capable de donner force et élan nouveaux aux Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. La situation en est à son point de non-retour.
Il sera mis au courant des derniers conciliabules de la Congrégation… lorsqu’enfin il réalisera qu’on a oublié de le prévenir tel que convenu et ira de nouveau et par deux fois frapper à la porte de « Mgr le Secrétaire ». Quelques heures de travail encore pour peaufiner le style de la résolution et Léon XII pourra décider …
Aucun doute ne semble plus effleurer Eugène de Mazenod quant à l’approbation tellement indispensable. Confiance en Dieu qui l’a soutenu jusque là, sentiment d’avoir fait tout ce qui était en son pouvoir, réconfort de ces neuf célébrations eucharistiques pendant lesquelles il a été « occupé comme il faudrait pouvoir l’être toujours » ? Probablement tout cela à la fois. Prière, action et patience… trois pôles indispensables à la réalisation de nos désirs…