Quelle gratitude, qui soit digne d’une telle faveur, pouvons-nous possiblement offrir à Dieu qui est si grand et si bon?
Continuant sa réflexion sur le sens de l’approbation papale, Eugène souligne que la seule façon de répondre à la bonté de Dieu à notre égard, c’est d’être fidèle à notre oblation en étant des porteurs engagés de la Parole et des sources de vie grâce à une plus grande appréciation du sens de nos Constitutions et Règles.
Quelles actions de grâces, qui soient dignes d’une telle faveur, pouvons-nous rendre au Dieu très bon et très grand? N’est-ce pas en étant embrasés du feu de la piété et en nous acquittant ainsi avec un empressement et une joie plus grande que jamais, des devoirs de notre sainte vocation?
Si, jusqu’à présent, comme à titre d’essai, en modelant votre vie sur cette Règle, qui vous est si chère et dont la très sainte ordonnance a mérité les suffrages des illustres et vénérés Chefs des diocèses que depuis dix ans vous n’avez cessé de parcourir en prêchant la pénitence,
si, dis-je, vous avez, en porteurs de la parole de vie, répandu la lumière sur les peuples que vous avez évangélisés, qu’en sera-t-il désormais, maintenant que, forte de l’appui donné par l’Autorité Apostolique à notre Institut ainsi qu’à nos Règles et Constitutions, notre Société toute jeune encore et toute récente a été rehaussée de la dignité de Congrégation religieuse, à l’instar des vénérables Sociétés qui nous ont précédés, par exemple celles des Prêtres de la Mission de Saint-Vincent de Paul, du Très Saint Rédempteur, de la Très Sainte Croix et Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, etc.
Lettre à tous les Oblats, le 25 Mars 1826, EO VII n 232
Nos 200 ans d’histoire peuvent se résumer à une histoire de fidélité à l’esprit de notre Règle qui nous a été donnée par l’Église, à travers Saint Eugène. Dans l’esprit de cette lettre, Eugène invite chacun de nous à célébrer cet évènement en se remémorant les fruits missionnaires que cette Règle a produits. Alors il nous invite à répondre en nous familiarisant de plus en plus profondément avec notre présente Règle de Vie comme Oblats, et en en faisant plus consciemment la base de notre renouveau personnel et communautaire. Chaque membre de la famille Mazenodienne plus large est invité à faire de même avec la Règle particulière de Vie à laquelle il s’est engagé.
“Le gratin des athlètes comprend que pour jouer à leur meilleur, ils doivent alterner des périodes de haute performance avec des périodes de renouveau stratégique.” Robin S. Sharma
Lettre à tous les Oblats, le 25 Mars 1826
La longue lettre d’Eugène de Mazenod se poursuit. Il apprécie à sa juste valeur les répercussions de l’approbation papale sur la vie de la Congrégation. Car « jouissant maintenant des mêmes privilèges que des Sociétés illustres », les Oblats se doivent de rendre confiance pour confiance et de travailler avec une force et une ardeur nouvelles à « faire connaître et aimer Jésus Christ ».
Et de rappeler les dix années passées alors que, « comme à titre d’essai », les Missionnaires de Provence ont réussi à toucher tant d’abandonnés. La moisson ne va-t-elle pas être plus abondante encore à présent que les Oblats de Marie Immaculée jouissent dorénavant des mêmes droits que «prêtres de la Mission de Saint-Vincent de Paul, du Très Saint Rédempteur, de la Très Sainte Croix et Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, etc. » ?
Un grand contentement remplit le cœur du Fondateur et, à n’en pas douter, de ses fils. Fierté dénuée d’orgueil, reconnaissance du résultat de missions accomplies jusque là à travers maints obstacles… ne pas s’en féliciter ne serait que trompeuse hypocrisie.
Deux cents ans plus tard, nous pouvons encore nous étonner de la décision hors norme de Léon XII, nous en réjouir, relire la façon dont les CC&RR ont marqué la vie de la Congrégation et continuer nos marches en avant avec un regard renouvelé.
Est-il pertinent d’inclure les Associés dans cette remarque ? Pour moi, la réponse affirmative ne fait aucun doute. Les CC&RR ne sont-elles pas en somme le résumé de « l’esprit de famille » qui permet d’atteindre le cœur des gens ? À l’instar des religieux missionnaires, ne nous engageons-nous pas à vivre le charisme oblat chacun et chacune dans notre propre milieu ?
Comme dans la vie de l’Église et dans notre propre vie, les Règles de 1826 ont ouvert la place aux changements. Annoncer Jésus Christ, c’est avant tout être « proche des gens » et, quel que soit son mode de vie, comprendre que chacun a toujours besoin d’espérance.