Eugène parlait de nous comme étant les hommes des évêques et il essayait d’assurer que notre ministère et notre présence dans le diocèse soient en communion avec le ministère et l’esprit de l’Évêque. Cependant, à cause de l’approbation papale, dans les cas où le désir de l’évêque ne conviendrait pas à notre Règle ou à notre Esprit, alors il revient à la Congrégation de recevoir le bénéfice du doute.
Il est de la nature d’un Institut quelconque, approuvé par le Saint-Siège, que les prêtres qui s’y agrègent doivent suivre l’obéissance professée en cet Institut, dans tout ce qui est incompatible avec celle de l’Évêque.
Autrement, il ne serait pas, et il n’eût jamais été au pouvoir des Souverains Pontifes d’approuver aucune religion ou congrégation pour ne pas enlever des prêtres à l’obéissance de l’Évêque. Les religieux restent réellement et de fait sous la dépendance des Ordinaires autant qu’il est possible d’y rester, conformément à la Règle religieuse.
Ainsi, pour l’approbation aux confessions, ils n’y sont initiés que par l’Ordinaire. Dans les diocèses où ils sont établis, ils sont parfaitement soumis pour tout ce qui est de la discipline extérieure, et l’évêque peut les visiter, les suspendre et les renvoyer de son diocèse pour toutes les causes canoniques qui lui en donnent le droit à l’égal de tout autre de ses prêtres. Dans les diocèses où ils n’ont point d’établissement, ils ne peuvent y aller pour y exercer le saint ministère des sacrements et de la parole de Dieu si l’évêque ne les appelle expressément. Ils le font alors sous sa surveillance et sa correction quand il le juge à propos; de plus, il a toute la liberté de concerter avec les supérieurs sur les sujets qu’il devra employer pour l’œuvre pour laquelle il les demande; là se borne l’autorité de l’évêque.
S’il avait le pouvoir de disposer de ses diocésains, devenus Oblats, comme s’ils n’étaient liés par aucun autre lien, par là serait détruite l’œuvre même et rendue illusoire l’autorité pontificale…
Lettre à Henri Tempier, le 9 Avril 1826, EO VII n 235
Aujourd’hui, notre Règle de Vie confirme ce principe: “ Par amour de l’Église, les Oblats accomplissent leur mission en communion avec les pasteurs que le Seigneur a placés à la tête de son peuple; ils acceptent loyalement, avec une foi éclairée, l’enseignement et les orientations des successeurs de Pierre et des Apôtres..” CC&RR, Constitution 6
Rome, lettre à Henri Tempier, le 9 Avril 1826
« Je ne comprends pas la conduite de l’Évêque de Gap; j’ai tremblé quand j’ai vu la concession que vous vous disposiez à lui faire », écrit Eugène de Mazenod à Henri Tempier au sujet de la tentative d’ingérence de Mgr Arbaud dans les choses de la Congrégation. Et il trouve bon de rappeler à son ami la primauté des CC&RR sur l’autorité des évêques.
Pourtant, l’Oblat n’est-il pas connu comme étant un « homme d’Église » (*) La Congrégation serait-elle dès lors soumise aux désirs de toute hiérarchie supérieure ? Voilà un régime de vie auquel les Missionnaires de Provence ont goûté avec les peines et tracas que l’on sait. Voilà aussi l’importance de l’approbation ecclésiale qui vient leur assurer un ministère plus serein parce que décidé en réponse à l’appel de leur vocation.
« La vocation de l’Oblat est de construire l’Église là où elle n’est pas encore née ou, encore, là où elle passe à travers des difficultés. L’Oblat est donc appelé à donner le jour à l’Église par l’annonce et le témoignage de l’Évangile. C’est dans ce sens que l’on peut dire que les Oblats sont les hommes du Pape et des évêques. » (*)
Eugène met les choses au point. « Si l’évêque … les appelle expressément… Ils le font alors sous sa surveillance et sa correction quand il le juge à propos… S’il avait le pouvoir de disposer de ses diocésains, devenus Oblats, comme s’ils n’étaient liés par aucun autre lien, par là serait détruite l’œuvre même et rendue illusoire l’autorité pontificale. »
Intouchables donc les CC&RR des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. L’esprit de famille et la bonne coordination des missions sont saufs. Jésus Christ sera annoncé dans un climat plus serein. L’Église et les plus pauvres ne pourront qu’y gagner.
(*) http://www.omiworld.org/dictionary.asp pontificale?v=10&vol=1&let=E&ID=1096