MÊME SI NOUS AVONS À TOUT VENDRE JUSQU’À NOS SOULIERS, NE MÉNAGEONS RIEN POUR NOUS OCCUPER DE LUI

En arrivant à Turin, Eugène trouva un courrier venant de Marseille, concernant des nouvelles au sujet de la maladie grave de Jacques Marcou. Ce dernier avait été un des premiers membres de la congrégation des jeunes créée par Eugène à Aix en 1813, et il avait rejoint les Oblats en 1821. Eugène portait envers ce jeune homme qu’il avait connu dès son enfance une affection paternelle. (cf http://www.Eugenedemazenod.net/fra/?p=1542)

La première chose à laquelle je réponds, parce qu’elle m’affecte jusqu’au fond de l’âme, c’est la triste nouvelle de la dangereuse maladie de notre bon p. Marcou. J’en suis désolé, parce qu’il est si rare d’en revenir, que je ne puis pas me flatter de le voir guérir. Cependant j’ai rencontré par-ci par-là des personnes, même avancées en âge, qui avaient craché et vomi le sang; il ne faut donc pas perdre courage, et surtout ne manquez pas de donner de l’espoir au malade.
Je n’ai pas besoin de dire avec quel soin et quelle charité il faut le traiter; dussions-nous vendre jusqu’à nos souliers, que rien ne soit épargné pour le soulager.
Si ses parents proposaient de le prendre chez eux, n’y consentez pas; c’est parmi ses frères qu’il doit trouver tous les services que son état exige, de jour, de nuit, au spirituel comme au temporel.
La seule chose que je vous recommande, c’est de prendre toutes les précautions convenables si, par malheur, ce cher Père tombait dans la phtisie, pour que nos autres jeunes Pères ne fussent pas exposés à en recevoir quelque fâcheuse atteinte; il faudrait donc marquer tout ce qui servirait à son usage, etc. Après cela, ou pour mieux dire, par-dessus tout, il faut que nous priions tous les jours pour que le bon Dieu nous conserve ce bon Père, si telle est sa sainte volonté. Je dirai la messe pour lui, car j’ai pris la résolution que ma messe soit réservée pour la Société. Écrivez quelque chose de ma part au p. Marcou, en lui témoignant mon affection bien sincère et bien vive.

Lettre à Henri Tempier, le 24 Mai 1826, EO VII n 242

 

“Sans un sentiment de solidarité, il ne peut y avoir de sentiment de communauté.”         Anthony J. D’Angelo

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1 réponse à MÊME SI NOUS AVONS À TOUT VENDRE JUSQU’À NOS SOULIERS, NE MÉNAGEONS RIEN POUR NOUS OCCUPER DE LUI

  1. Denyse Mostert dit :

    Turin – Lettre à Henri Tempier – 24 mai 1826

    Dans sa lettre du 14 mai, Eugène de Mazenod anticipait la joie d’arriver à Turin et de « courir à la poste… » Il était loin de se douter qu’une bien mauvaise nouvelle l’y attendait. En effet, le jeune père Jacques Marcou, bien connu pour son zèle et sa fidélité scrupuleuse au règlement est mourant. Où en chercher la cause sinon dans un travail qu’Eugène qualifiera lui-même d’excessif ?

    Eugène vit-il vraiment une  »espérance contre toute espérance’’ alors qu’il recommande de continuer à donner espoir au malade et surtout de le traiter avec la plus grande charité. C’est en communauté que Jacques Marcoux doit recevoir tous les soins nécessaires, « dussions-nous vendre jusqu’à nos souliers, que rien ne soit épargné pour le soulager ». De la part du Fondateur, il ne s’agit certes pas de paroles en l’air. Comme aussi ses directives à la communauté pour éviter toute contagion.

    Eugène va-t-il capituler sans coup férir devant cette douloureuse expectative ? Au contraire ! Tous sont maintenant exhortés à « prier tous les jours pour que le bon Dieu [leur] conserve ce bon Père si telle est sa sainte volonté. » C’est une question de foi que tout recours au Seigneur ne peut demeurer sans effet. La réponse à la prìère des Oblats, si elle ne bouleverse les lois naturelles, pourrait bien être une adhésion sincère au décès de leur compagnon et une communion nouvelle avec celui qui les aura précédés dans le Royaume.

    Il est à parier aussi que les Oblats se seront ‘’serré les coudes’’ autour de l’épreuve à l’horizon. Bienheureuse solidarité qui aide à franchir les si difficiles moments de la maladie et de la mort de l’un des nôtres !

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