L’expérience du Vendredi Saint, qui a changé sa vie, a été marquée par des larmes qui étaient incontrôlables. Nous retrouvons ce phénomène des larmes à plusieurs moments religieux importants dans la vie d’Eugène (souvent lorsqu’il célèbre la Messe). Elles sont les signes d’une expérience profonde de Dieu.
Puis-je oublier ces larmes amères que la vue de la Croix fit couler de mes yeux un Vendredi Saint.
Ah! elles partaient du cœur, rien ne put en arrêter le cours, elles étaient trop abondantes pour qu’il me fût possible de les cacher à ceux qui comme moi assistaient à cette touchante cérémonie.
Notes de retraite, décembre 1814, E.O. XV n.130
Tout occupé qu’il ait été à rechercher la riche héritière à marier et à profiter des
« plaisirs et… amusements de la belle vie » (*) Eugène a ressenti douloureusement le » silence »» de Dieu dont il s’est, écrit-il, « détourné ».
Quel est donc ce mouvement intérieur qui s’empare de lui en ce Vendredi Saint 1807 ? Comment la seule vue du Christ en croix vient-elle toucher le jeune homme au point de lui faire verser des « larmes amères » ? Seule la foi peut répondre avec pertinence.
Comme plusieurs d’entre nous j’ai vécu des périodes de ‘’turbulences’’ à la poursuite d’objectifs qui, une fois atteints me laissaient dans une intense sensation de tristesse. Sans bien m’en rendre compte, j’avais fait de Dieu le ‘’grand Absent’’ auquel je pensais distraitement à la messe du dimanche, sans plus.
Aujourd’hui je considère comme une grande grâce d’avoir eu à vivre ces moments ’ pénibles. À travers eux j’ai enfin découvert le »Dieu-avec-nous » que Jésus est venu nous apprendre. Un Dieu présent à tout notre quotidien, un Père auprès avec qui il fait bon se ménager des moments d’intimité au milieu de l’effervescence de nos vies.
(*) http://www.omiworld.org/StEugene/StEugene1.asp?L=2