Le jour anniversaire de la mort du Père Marcou, les souvenirs d’Eugène le conduisirent à se rappeler d’un incident impliquant ce jeune quand il était membre de la congrégation des jeunes d’Aix
On citerait dans la vie des saints ce qui lui arriva un jour qu’il se rendait auprès de moi selon la coutume des congréganistes. Il était hors de lui, transporté d’une sainte colère. Il m’eut bientôt expliqué le sujet de son courroux. Il venait de rencontrer des créatures de mauvaise vie qui lui avaient adressé quelques paroles dont avec raison il s’était scandalisé. Il était excessivement indigné. Non content de leur avoir répondu par un coup de parapluie fortement appliqué, il se reprochait de n’avoir pas frappé assez fort. Pour leur ôter l’envie, disait-il, de revenir à la charge, il voulait repasser sur les lieux où ces misérables l’avaient accosté et cette fois il se promettait de leur donner une leçon dont elles se rappelleraient. Je ne pus le détourner de ce projet qu’en lui faisant comprendre qu’il pécherait en donnant volontairement occasion à ces malheureuses de lui proposer des choses contraires à la loi de Dieu. Le p. Marcou pouvait avoir alors une quinzaine d’ans..
Journal du 20 août 1838, E.O. XIX
“Mes chers frères et sœurs, notez bien ceci: chacun devrait être rapide à écouter, lent à parler et lent à se fâcher, parce que la colère humaine ne produit pas la droiture que Dieu désire.” Épître de Jacques 1,19-20
Journal du 20 août 1838
Cher Journal ! pourrait-on dire de ces pages à qui on confie des événements de toutes sortes, parfois amusants comme le rappel du coup de parapluie d’un jeune Congréganiste doué par ailleurs de belles qualités… Il s’agit ici de Jacques Marcoux, choisi « dès sa première communion, pour zélateur » de la petite troupe d’élite . Un cœur de feu, qui sait communiquer à ses compagnons son amour pour la Congrégation…
Il se peut qu’Eugène de Mazenod ait rapporté l’anecdote avec un petit sourire tant on retrouve dans la réaction du jeune garçon une certaine similitude avec le caractère entier du Fondateur. Ce jour-là, c’est un Jacques Marcou perturbé par les paroles de « certaines créatures de mauvaise vie » qui se présente à son directeur. « Il était hors de lui,raconte Eugène, transporté d’une sainte colère. Il m’eut bientôt expliqué le sujet de son courroux » et le solide coup de parapluie qu’il vient d’infliger aux belligérants. Aucun regret mais plutôt l’envie de leur donner une seconde correction !
Difficile de calmer un esprit ‘’chauffé à blanc !’’ « Je lui fis remarquer qu’il pécherait en donnant volontairement occasion à ces malheureuses de lui proposer des choses contraires à la loi de Dieu… » raconte Eugène. Il ne fallut rien de moins que cette évocation des conséquences d’un acte prémédité pour ramener le Congréganiste à plus de raison.
Bien sûr, le jeune garçon se sera calmé. Bien sûr aussi voilà une situation qui peut se présenter à l’occasion. Se souvenir alors du second ‘’coup de parapluie’’ à éviter pour ne donner à personne l’occasion d’une éventuelle récidive !