En nous rappelant que la persécution de l’Église durant la Révolution française s’était terminée seulement onze ans auparavant, nous pouvons comprendre l’importance du ministère de la mission paroissiale des Oblats dans un monde qui était très loin d’être religieux. Un groupe d’Oblats évangélisait dans la ville de Roquevaire et gagnait au-delà des critiques les plus acerbes.
J’ai été obligé d’envoyer le p. Guibert à Roquevaire et je viens de donner mission à un vicaire de la ville pour les aider à confesser. Le curé est toujours en larmes de ce qu’il voit s’opérer sous ses yeux: les terroristes, les radicaux, les libertins, tous se rendent comme des agneaux après avoir juré de se moquer de tous les efforts de nos Pères…
Lettre à Marius Suzanne, le 20 mars 1827, EO VII n 268
Le secret du succès des Oblats n’était pas le lustre de leur prédication ou leur persuasion intellectuelle (la plupart était plutôt médiocre à ce point de vue), mais l’exemple donné par la qualité de leurs vies comme des personnes totalement données à Dieu, et leur proximité auprès des personnes par leur ministère. Ce fut leur “être” en vue du “faire” qui transforma leurs critiques en agneaux.
“Nous gagnons par la tendresse. Nous conquérons par le pardon.” Frederick William Robertson
(Lettre à Marius Suzanne, le 20 mars 1827)
Il faut du temps pour effacer les mentalités engendrées par la Révolution française ! Tout comme le curé de Roquevaire qui se sent bien impuissant à juguler « ce qu’il voit s’opérer sous ses yeux », les ouvriers de l’Évangile sont bons premiers à en payer le prix . On le serait à moins devant les anciens « terroristes, radicaux et libertins » qui se rendent à présent à l’église « comme des agneaux » après tant de comportements ignobles !
Eugène de Mazenod prend les choses en main. Après les avoir mis au courant de la situation qui prévaut, il désigne le P. Guibert et un « vicaire de la ville pour « les aider à confesser ». Sachant qu’un certain temps est nécessaire pour effacer les habitudes contractées au temps de l’anarchie, il est fort à parier que les deux hommes ont accepté la mission avec une certaine réticence
On peut se questionner. Les résultats présents de la mission sont-ils proportionnels aux difficultés rencontrées ? Justifient-ils surtout l’envoi d’autres effectifs?
Ces fruits existent bel et bien que les deux nouveaux arrivés vont contribuer à multiplier. Parce qu’en lieu et place d’une espérance humaine très fragile, ils ont su placer leur confiance en Dieu, il est donné aux Oblats « une bouche et une sagesse à laquelle [leurs] adversaires ne pourront résister… » (Luc 21:15)
Difficile de ne pas croire au témoignage de quelqu’un de qui paroles et vie ne font qu’un ! Foi, authenticité, cohérence, ne voilà-t-il pas les cartes gagnantes des missionnaires ? De ceux-là qui « rejoignent des millions de personnes instantanément … en pesant seulement sur le bouton “Envoi” de [leurs] PC… » comme l’écrit si justement Ray Comfort, et de tous ces hérauts de la Parole inconnus dont la vie tout entière dit Dieu…