Les trépidantes activités sociales après le retour d’exil d Eugène que nous avons scrutées commencèrent graduellement à perdre leur attraction.
Questo paese non mi conviene . [éd. ce pays ne me convient pas,], et voilà pourquoi j’ai pris du dégoût pour tout; je reste quelquefois trois semaines avant d’aller dans le monde; il n’y a que La Poire . [éd. un ami de son père] d’excepté. En général, il règne un grand défaut ici, c’est qu’on est très peu liant et très égoïste. Questo paese non mi conviene, je le répète, et je mitonne pour la suite quelque grand divorce.
Sa recherche d’une femme riche ne produisit aucun résultat et il semblait n’avoir aucune direction claire pour une vie future et une carrière. Sa recherche d’une femme riche ne produisait aucun résultat et il semblait n’avoir aucune direction claire pour une vie future et une carrière. En ce moment, le gagne-pain de sa famille venait des propriétés et des produits de la terre. Il ne voyait certes pas cela non plus comme sa future existence:
Ensuite, il faut tout dire, ce dégoût vient beaucoup aussi de ce qu’il n’est pas dans mon caractère de vivre pour planter des choux.
Il y avait une atmosphère de malheur dans sa vie qui se manifestait dans plusieurs domaines de sa vie.
Je sens que je ne suis pas à ma place, et j’enrage de voir s’écouler mes plus belles années dans une oisive obscurité. Vous jugerez si je dois être fort gai, quand vous saurez que ma pensée roule là-dessus toutes les fois que je suis seul. Adieu, mon bon père. Je sens que je suis triste ; aussi ma lettre est-elle finie ; ce n’est jamais sans peine que je termine. Je vous embrasse tous.
Lettre à son père, le 12 mars 1804, Méjanes,
Il lui faudra encore quelques années de plus pour trouver le remède à ce sentiment de ne pas être heureux.
« Être heureux est seulement d’avoir libéré son âme de l’inquiétude du malheur.” Maurice Maeterlinck
Lettre à son père, le 12 mars 1804
Rien ne va plus pour Eugène. La mélancolie l’habite. « Questo paese non mi conviene. » écrit-il à son père. Quelques mots qui disent des pensées tournées vers Palerme, vers le Président et ses frères, vers ses amis Cannizzaro et vers les Siciliens si différentes des Aixois qu’il côtoie maintenant. La vie mondaine a perdu tout attrait pour lui. « En général, il règne un grand défaut ici, c’est qu’on est très peu liant et très égoïste. » Ses présences dans les salons se fait moins fréquente.
Sa réflexion se fait de plus en plus précise : « Ensuite, il faut tout dire, ce dégoût vient beaucoup aussi de ce qu’il n’est pas dans mon caractère de vivre pour planter des choux. » et encore : « Je sens que je ne suis pas à ma place, et j’enrage de voir s’écouler mes plus belles années dans une oisive obscurité. »
Tout cela est tristement vrai. Mais il faudrait mal connaître le Fondateur pour le voir s’enliser dans une telle situation. Une petite phrase à son père doit avoir rassuré ce dernier sur l’avenir de son fils. « Je mitonne pour la suite, continue Eugène, quelque grand divorce. »
La lueur d’un espoir qui va toutefois prendre quelques années avant de se concrétiser. Rien dans sa vie du volte-face subit qu’il serait facile d’attribuer à la volonté de Dieu ! Comme dans la mienne d’ailleurs où il m’a fallu bien du temps pour découvrir la source d’un grand malaise et faire les pas qui allaient m’en sortir.
J’aime y reconnaître la sainte patience et le respect de notre liberté du Dieu de Jésus Christ. Celui qui nous aide à prendre petit à petit conscience de nous-mêmes et nous indique alors les décisions que nous aurons le bonheur de prendre.