Eugene continue à méditer sur Jésus comme modèle
A part toute métaphore, j’ai été pécheur, grand pécheur, et je suis prêtre. A l’exception d’avoir souillé mon corps avec les femmes, malheur dont la bonté de Dieu m’a préservé comme par miracle, j’ai suivi en tout les maximes d’un monde corrompu. Le mal a été opéré, le bien hélas! reste encore à faire. Ce que j’ai fait jusqu’à présent ne vaut pas la peine d’être cité. Le public se trompe, je suis fort au-dessous de mes obligations. Il faut que je paie double et puis quand je rapproche ma conduite de celle de mon modèle, mon Dieu! que j’en suis encore éloigné! Orgueil, emportement, recherche de moi-même, etc. Eh, comment puis-je dire: Vivo ego iam non ego vivit enim in me Christus [ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi] Gal 2, 20. Il n’y a pas de milieu, si je veux être semblable à Jésus-Christ dans la gloire, il faut auparavant que je lui sois semblable dans ses humiliations et dans ses souffrances, semblable à Jésus crucifié; tâchons donc de conformer en tout ma conduite sur ce divin modèle afin de pouvoir adresser aux fidèles ces paroles de st Paul: imitatores mei estote sicut et ego Christi [Alors, je vous en supplie, suivez mon exemple, et moi le Christ].1 Cor 4, 16. Si ces paroles ne peuvent pas m’être appliquées, il faut que je renonce à régner avec Jésus-Christ dans sa gloire
Notes de retraite, décembre 1814, E.O. XV n. 130
Et voilà ! Toute émotivité mise à part, Eugène en est au constat pur et simple. « J’ai été pécheur, grand pécheur et je suis prêtre. » Ces quelques mots suffisent à décrire les pensées qui l’animent en ce mois de décembre 1814.
« J’ai été pécheur, grand pécheur et je suis prêtre.» N’est-il pas significatif cet emploi du temps au passé qui évoque la vie dissipée du jeune homme et le retour au présent pour souligner l’incroyable faveur de sa vocation ?
Jamais les fautes de sa jeunesse ne s’effaceront de son esprit, mais loin de se transformer en regrets aussi débilitants que stériles, elles deviendront le‘’révélateur’’ de la Miséricorde divine et un tremplin puissant vers le Sacerdoce.
‘’A qui on aura donné beaucoup il sera beaucoup demandé, et à qui on aura confié beaucoup on réclamera davantage.’’ (Luc 12-48) Désormais, toute la vie d’Eugène sera l’illustration de ces paroles reprises par l’évangéliste Luc.
En faisant le ‘’tour de notre jardin’’, ne pouvons-nous aussi découvrir de grands moments de grâce pour lesquels il serait ‘’juste et bon’’ de vivre une reconnaissante agissante semblable à celle de notre Fondateur?