NE PERDEZ PAS DE TEMPS A BAYER AUX CORNEILLES

La lettre d’Eugène au p. Jeancard continue sur la question de son insatisfaction d’avoir été affecté à Aix.

A part toutes ces considérations surnaturelles, qui sont pourtant de quelque poids, humainement parlant il faut savoir prendre son parti et faire de nécessité vertu. C’est ce que font tous les gens de bon sens.

Il écrit avec une touche d’humour:

J’ai vu des militaires qui ne se seraient pas beaucoup souciés d’aller à Alger, ils y sont allés aussi gaiement que les autres. Le séjour d’Aix n’est pas aussi brûlant que celui d’Afrique et on n’y est pas exposé aux coups de canons.

Il encourage Jeancard à user au mieux de la situation pour mettre à profit ses nombreux talents dans l’exercice de la mission qu’on lui a confiée :

Sérieusement on ne s’apitoyera pas aisément sur le sort de celui que le devoir y retient. Ainsi, cher ami, sachant que je ne puis pas faire autrement que de vous y laisser, sachez vous y faire des occupations conformes à votre vocation. Ne perdez pas de temps à bayer aux corneilles. Travaillez, vous avez trop de talents pour n’être pas épouvantablement responsable d’une inaction que rien ne peut excuser à mes yeux. La petite course que vous venez de faire vous a suffisamment distrait, mettez-vous à l’ouvrage comme si vous étiez pressé et ne le sommes-nous pas toujours dans cette vie fugitive, pendant le court espace de laquelle il faut pourtant que nous remplissions notre tâche

Lettre à Jacques Jeancard, 4 juin 1830, EO VII n 346

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1 réponse à NE PERDEZ PAS DE TEMPS A BAYER AUX CORNEILLES

  1. Denyse Mostert dit :

    Faire son devoir ne rime pas toujours avec gaieté de cœur ! Jacques Jeancard en sait quelque chose… Il n’a toujours pas ‘’digéré’’ le fait d’être affecté à la communauté oblate d’Aix-en-Provence.

    Le 4 juin 1830, Eugène tente de lui faire entendre raison. Avec des arguments solides, pleins de bon sens et une touche d’humour… Le supérieur est catégorique, le devoir d’un missionnaire passe avant toute considération. Jacques Jeancard finira-t-il par accepter ces conseils de bon cœur et, compte tenu de la brièveté de la vie, se mettra-t-il au travail avec ardeur ?

    Retour au présent. Qui d’entre nous n’a jamais fait face à l’un ou l’autre devoir étranger à son propre désir ? Devoir ! Mot mal aimé aujourd’hui et cependant toujours d’actualité pris dans la signification de fidélité à un appel. Ceci ne va pas automatiquement effacer toute réticence. Il y aura toujours des moments de renoncement et de lourdeur avec lesquels il faudra composer. L’expérience m’a cependant appris qu’une décision ferme pouvait alléger bien des tâches.

    Réflexions bien humaines. Vécues dans le registre de foi/vocation, elles peuvent revêtir l’élément spirituel qui permettra d’accomplir tout cela dans l’optique d’un geste d’amour gratifiant.

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