Le mode de vie privilégié qu’aurait dû avoir Eugène s’arrêta brusquement à l’âge de 9 ans. La révolution de 1789 se donna comme but de détruire l’Église et la domination qu’elle exerçait sur le Peuple. La famille noble des Mazenod dut s’enfuir en exil. Yvon Beaudouin nous relate le contexte:
La Première République fut proclamée le 21 septembre 1792 et dura jusqu’au 28 mai 1804 alors qu’elle fut remplacée par l’Empire de Napoléon. Eugène en parle peu mais en a subi les conséquences. C’est au cours de cette période que la Révolution française a été violente. Elle commença pacifiquement dans le but de substituer à une société fondée sur le privilège une société où l’égalité de tous serait la loi commune. Le 4 août 1789, les privilèges féodaux furent supprimés par l’Assemblée nationale. Celle-ci proclama la Déclaration des Droits de l’homme le 26 août. Le parlement d’Aix comme tous les autres fut supprimé par un décret du 7 septembre 1790, de même que les Cours des Comptes le 4 juillet 1791.
Un mouvement de contre-révolution se dessina à Aix contre lequel se formèrent des clubs agressifs pour défendre la Révolution. En décembre 1790, des agitations surgissent, des bandes veulent s’emparer de quelques aristocrates, quelques-uns de ceux-ci seront pendus sur le Cours en face de l’hôtel de Mazenod. C’est alors que, vers le 13 décembre 1790, déguisé en chasseur, le président de Mazenod s’enfuit à Nice où il appelle Eugène en février 1791.
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Au risque de se répéter, on peut dire qu’Eugène est né sous une bonne étoile dont l’éclat va d’ailleurs pâlir lorsqu’éclate, en 1789, la Révolution française de triste mémoire où nobles et bien nantis sont menacés. Des slogans funèbres l’ont d’ailleurs immortalisée dont le célèbre « les aristocrates à la Bastille ».
La famille de Mazenod est directement menacée. C’en est fini pour le jeune Eugène de la vie dorée à Aix-en-Provence. Le Journal d’immigration qu’il va tenir fidèlement nous en rappelle les détails. «Mon père ayant été décrété de prise de corps par les révolutionnaires, à son retour de sa députation aux États Généraux, quitta la France et se rendit à Nice, d’où bientôt il m’envoya son frère pour qu’il m’accompagnât auprès de lui… (*)
Ayant connu l’exil du printemps 1940 en France, je peux ressentir les émotions reliées à une telle situation.
(*) Journal d’émigration en Italie, (1791-1802)