CHERCHONS-NOUS SOUVENT DANS LE CŒUR DE NOTRE ADORABLE MAÎTRE

Ayant lu hier un texte concernant l’importance de la pratique de l’oraison pour Eugène, je vais aujourd’hui revenir à un texte sur le même sujet, écrit quand il était séminariste. C’était le premier Noël d’Eugène loin de chez lui depuis qu’il était revenu en France. C’est le matin de Noël et il évoque la messe de minuit qu’il a vécu en communion (« oraison ») avec sa mère – elle à Aix, lui à Paris :

… Ah! ma très chère maman, croyez-vous que cette nuit je ne me suis pas trouvé avec vous? … Oh! que oui, ma bonne mère, nous avons passé ensemble la nuit aux pieds des autels, qui me représentaient la crèche de Bethléem; nous avons ensemble offert nos dons à notre Sauveur et nous lui avons demandé de naître dans nos cœurs et d’y fortifier tout ce qui est faible, etc. Hélas! vous connaissez assez mon cœur, puisqu’il a été formé du vôtre, ainsi vous devez bien être persuadée que le sentiment de la nature y est aussi vif et s’y fait autant sentir que dans le vôtre…
Cherchons-nous souvent dans le cœur de notre adorable Maître, mais surtout participez souvent à son Corps adorable; c’est la meilleure manière de nous réunir, car, en nous identifiant chacun de notre côté avec J.C., nous ne ferons qu’un avec lui, et par lui et en lui nous ne ferons qu’un entre nous.
J’ai pensé que, cette nuit, vous auriez voulu honorer la venue de ce béni Enfant qui nous est né, en le déposant dans votre cœur. Comme j’ai eu le même bonheur à peu près à la même heure, je me suis uni à vous de toute mon âme. N’admirez-vous pas la grandeur de notre âme? Combien de choses elle embrasse à la fois! Quelle immense étendue elle parcourt au même instant! C’est ravissant. J’adorais J. C. dans mon cœur, je l’adorais dans le vôtre, je l’adorais sur l’autel et dans la crèche, je l’adorais au plus haut des cieux.

Lettre à sa mère, 25 décembre 1808, E.O. XIV n. 37

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Une réponse à CHERCHONS-NOUS SOUVENT DANS LE CŒUR DE NOTRE ADORABLE MAÎTRE

  1. Denyse Mostert dit :

    Vraiment, Eugène de Mazenod se révèle de plus en plus un « maître à prier » pour moi !

    Aucune dichotomie en lui. Le jeune homme qui a répondu à l’appel du Vendredi Saint 1807 reste toujours celui qui a souffert de « s’éloigner de sa mère et renoncer à faire revenir en France son père» (*) et le fils pour qui l’attachement envers sa famille demeure aussi fort.

    Ainsi, le 25 décembre 1808 , il écrit à Marie-Rose Joannis « : Hélas, vous connaissez assez mon cœur, puisqu’il a été formé du vôtre, ainsi vous devez bien être persuadée que le sentiment de la nature y est aussi vif et s’y fait autant sentir que dans le vôtre… ». C’est avec cette blessure toujours présente qu’il se présente devant son Dieu en ce soir de Noël.

    Dans cette présence priante, il va pressentir combien nos solitudes humaines peuvent trouver en Dieu leur adoucissement. Qu’un Père qui n’est qu’amour ne peut offrir à ses enfants que la communion qui fait vivre.

    Difficile d’adhérer à cette réalité ? Pour les humains limités que nous sommes, certainement. Mais n’est-il pas bon de nous rappeler qu’un peu de foi « de la grosseur d’un grain de sénevé » (Mtt 13.31) suffit pour nous faire pénétrer dans ce royaume où comme l’écrit encore Eugène à sa mère « nous ne ferons qu’un avec lui, et par lui et en lui nous ne ferons qu’un entre nous ».

    Sans pour autant disparaître, les difficultés de la vie pourront alors se vivre différemment dans un monde où la communion dans le Christ nous ouvrira à une relation nouvelle faite de confiance entre nous et à la volonté de nous tenir aux côtés de ceux qui ont mal.

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