La Règle de 1813 pour la Congrégation de la Jeunesse définissait comme des attitudes fondamentales de ce groupe, le choix de vivre en relation avec Jésus Christ, en suivant sa volonté et sa manière de vivre, et en faisant cela en communion avec l’Église. Dans la quatrième section, Eugène insiste sur le fait de choisir la vie en étant conscient des conséquences du péché:
Ils veilleront tellement sur toutes leurs démarches, actions ou pensées, qu’ils éviteront toujours, avec le secours de Dieu, de consentir, en aucune manière, d’offenser le bon Dieu mortellement ;
ils se pénétreront de toute l’horreur que mérite le péché si exécrable en lui- même et dont les suites sont si funestes, et ils fuiront, sans hésiter, tout ce qui pourrait être, pour eux, une occasion prochaine de tomber dans un aussi déplorable état..
Règlements et Statuts de la Congrégation de la Jeunesse, 1813, p. 20
« Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant le SEIGNEUR ton Dieu, écoutant sa voix et vous attachant à lui; car là est ta vie. » (Deutéronome 30 : 19-20)
« Choisis donc la vie… pour que toi et ta postérité vous viviez.» (Dt 30 : 19-20)
Est-il besoin de rappeler ce conseil du Deutéronome à l’humanité qui, depuis ses tout débuts poursuit sa course vers un état de bonheur jamais atteint si on tient compte des véritables tragédies que nous apprenons tous les jours… ?
Ne s’agit-il pas plutôt de donner tout son sens à une vie par ailleurs offerte à tous ? Et la prière n’est-elle là pour nous aider à en découvrir toute la beauté ?
C’est ce que j’ai d’abord cru comprendre. Avant de faire l’expérience d’une intimité avec Dieu plus intangible qu’il n’y paraissait …
Combien de fois suis-je sortie désorientée d’exercices susceptibles de conduire à l’oraison véritable ? Ni les lectures les plus édifiantes, ni la régularité des temps consacrés à la prière n’éveillaient en moi aucun écho… Et que dire de ce silence intérieur que des pensées ‘profanes’, venaient le plus souvent troubler ?
‘’Se retrouver soi-même en retrouvant son Dieu… ‘’
Ces quelques mots sortis je ne sais d’où sont un jour venus donner un sens définitif à ma prière. Ils m’ont appris que prier était un dialogue qui, par essence comprenait au moins deux interlocuteurs. Un dialogue en ‘’esprit et en vérité’’ qui ne pouvait faire table rase de tout ce qui constituait ma vie.
Petit à petit, la Parole de Dieu m’est devenue plus perceptible en même temps que je prenais conscience de mes zones d’ombre. « De toute l’horreur que mérite le péché si exécrable en lui- même et dont les suites sont si funestes »… lit-on dans les Règlements de la Congrégation de la jeunesse de 1813.
La soif de vivre vraiment a finalement eu raison de cet état de mécontentement aigu de moi-même et par ricochet des autres… Ma prière est devenue tout doucement semblable à celle des psaumes si justement dénommés ‘’Prière du temps présent’’. Tout y passe des événements de ma vie concrète ; de la reconnaissance pour les moments de joie au regret de l’un ou l’autre de mes actes, ou encore des interrogations qui me tenaillent…
Tout n’est pas dit pour autant. Le choix de la vraie vie, nous avons à le refaire chaque jour. Et il est bon de reconnaître avec saint Paul : « Non que je sois déjà au but, ni déjà devenu parfait ; mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus. » (Ph 3 :12)